Ziraa matarya | Bour | Culture pluviale

Bour : cultures réalisées sans irrigation et dépendant donc totalement des pluies.

La pluviométrie moyenne dans le Tafilalet est comprise entre 50 et 100mm de pluie par an alors que la culture des céréales n'est possible qu'au delà de 250mm.
Sauf années tout à fait exceptionnelles, la culture des céréales est donc impossible sans irrigation artificielle sauf dans les dayas ou dans les maaders où se concentrent les eaux pluviales.
Mais même dans ces milieux, l'agriculture bour est très aléatoire car le soleil et les vents peuvent griller les céréales sur pied.
Les sols du Sahara sont riches en minéraux et donc fertiles tant qu'ils ne sont pas trop salés.
Les cultures bour sont riches en adventices, soit issues de la flore en place, soit apportées avec les semences.

2015/01/04 - Bouarfa-Figuig
Le sol des dayas ou des maaders est labouré préventivement en saison sèche pour deux raisons :
- les irrégularités créées permettent aux poussières et aux grains de sable charriés par le vent de se déposer entre les sillons. Cela améliore la texture souvent trop argileuse du sol et apporte un enrichissement en sels minéraux.
- le sol ainsi ameubli est beaucoup plus perméable ; l'eau de pluie ou de ruissellement s'infiltre alors en profondeur au lieu de stagner et de s'évaporer.
2017/03/18 - P6110 (gps : 32.373565,-3.191391)
Même avec ces travaux préparatoires, la culture des dayas n'est possible et rentable qu'une année sur cinq à une année sur dix.
Culture bour en mars après des pluies insuffisantes : les céréales ont levé mais avec peu de tallage, la densité des tiges est bien faible. Noter la vigueur des adventices.
2015/05/06 - Boudnib (gps : 31.937971,-3.608640)
Culture bour en mai. Les pluies ont été insuffisantes. Il y aura une récolte minime. Compensera-t-elle le travail fourni ?
2016/10/26 - Tazougarte (gps : 32.084380,-3.778231)
Cette daya a été défrichée puis abandonnée après une tentative de culture. Le sol en était vraisemblablement trop salé.

2018/03/02 - Sidi-Ali (gps : 30.7123,-4.66913 - altitude : 644m))
Mais il y a aussi des récoltes miraculeuses ! Le maader de Sidi-Ali est alimenté par plusieurs oueds qui drainent un vaste bassin. Les années où la récolte est perdue sont compensées par les années où chaque grain semé en rapporte plusieurs centaines.
Les cultivateurs sèment une variété locale de blé dont les grains -s'il a plu suffisamment- tallent spontanément à profusion. Sur cette photo un grain de blé a donné naissance à plus de 20 tiges dont chacune porte un épi de 40 à 50 grains !
2018/03/02 - Sidi-Ali (gps : 30.712321,-4.669131)
Notre hôte inspecte son champs. Le plus beau pied compte 66 tiges soit près de 3000 grains de blé !
Les champs sont ensemencés à raison de 10kg de semence par hectare; une bonne année permet une récolte de 1000kg par hectare.

Mais il faut relativiser : il n'y a qu'une petite partie du maader (quelques centaines d'hectares) qui permet ces récoltes ; ailleurs le sol est trop salé ou pas assez irrigué.
Les bonnes années sont irrégulières : 2015 et 2018 ont été bonnes, 2016 et 2017 mauvaises.
1000kg par hectare c'est beaucoup pour le Sahara mais dérisoire devant les 10000kg par hectare des agricultures intensives européennes ou américaines.
Les bonnes années le maader de Sidi-Ali suffit à nourrir les habitants du village mais il ne génère pas de surplus significatif qui serait commercialisable.