Cleomaceae


Les cléomes ont été l'objet de nombreuses confusions. Deux espèces avaient été nommées Cleome arabica par Linné père en 1755, puis par Linné fils en 1767. La première, découverte par Hasselquist, a des feuilles à 1 seule foliole ; c'est une plante de Palestine et d'Arabie ; par antériorité c'est elle qui doit conserver le nom de Cleome arabica.

Cleome arabica L.
Cleome de Hasselquist
Photo Ori Fragman-Sapir
Cleome arabica L.
Cleome de Hasselquist
Photo Ori Fragman-Sapir

L'autre, découverte par Forskal en Egypte, a des feuilles à 3 folioles ; Forskal l'avait nommée Siliquaria glandulosa mais Linné fils l'avait confondue avec le "Cleome de Hasselquist".

Le "Cleome de Forskal" a donc été nommé par erreur Cleome arabica dans toutes les flores de l'Afrique du Nord jusqu'à ce que le botaniste russe Botschantzev s'aperçoive de l'erreur en 1964 et décide de la renommer Cleome africana.

Mais, pas de chance, Botschantzev ne savait pas qu'entre temps le botaniste danois Mürbeck avait montré qu'il y avait en fait deux cléomes différents en Afrique du Nord, l'un qu'il continuait à appeler Cleome arabica et l'autre qu'il avait nommé Cleome amblyocarpa.

Botschantzev ayant réalisé qu'il n'avait éliminé une confusion que pour en créer une autre décidait alors de renommer ces espèces Cleome amblyocarpa var. amblyocarpa et Cleome amblyocarpa var. glandulosa.

Pour rendre les choses parfaitement claires, j'ai proposé de renommer l'espèce orpheline Cleome forsskaolii dans une étude parue dans alyasmina 4-4 (2023), mais ce nom a été jugé contraire aux règles du code de nomenclature botanique pour des raisons obscures que je n'ai pas comprises.

Faut-il ferrailler pour faire admettre Cleome forsskaolii ou en rester à l'imprécis Cleome amblyocarpa var. glandulosa ?

En fait tout cela n'a pas beaucoup d'importance ; les deux espèces sont identiquement collantes, malodorantes et refusées par les troupeaux. Du coup les bergers ne s'embarrassent pas du souci de les distinguer et les nomment toutes les deux lamkhimza (la fétide).

Pour les botanistes qui tiennent à les distinguer, la détermination se fait facilement sur les fleurs ou sur les fruits :

En haut le Cléome de Mürbeck, var. amblyocarpa
en bas le Cléome de Forskal, var. glandulosa.
A gauche dans les deux photos le Cléome de Mürbeck, var. amblyocarpa
à droite dans les deux photos le Cléome de Forskal, var. glandulosa.